Informations complémentaires
Poids | 800 kg |
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Dimensions | 21 × 4 × 297 cm |
48 pages
couleur
édition française
Édité par Poursuite Editions avec la participation des Abattoirs et du Confort Moderne
€20,00
Rupture de stock
Poids | 800 kg |
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Dimensions | 21 × 4 × 297 cm |
Twenty-Four Modern Lorraine Churches, ouvrage publié à l’occasion de l’exposition Tables et Matières à la médiathèque des Abattoirs de Toulouse, documente de façon sérielle les églises de la reconstruction dans la région Lorraine.
Durant l’automne et l’hiver 1944, la IIIe armée américaine remonte de Nancy vers le Nord de l’Allemagne. Faisant face à une forte résistance, elle bombarde les villages situés sur sa route pour ne laisser derrière elle que des hameaux en ruines. À partir de la fin des années cinquante, les églises démolies sont progressivement reconstruites dans un style moderne plus ou moins affirmé.
C’est en rentrant de Strasbourg, un dimanche de l’hiver 2010, que je suis “tombé” sur l’église de Moyenvic. Emergeant de la brume au centre de ce petit bourg, les proportions de l’édifice et sa proximité avec les blockhaus de la Ligne Maginot a immédiatement éveillé ma curiosité.
En interrogeant les habitants de la région, j’ai appris que ce bâtiment n’était pas un cas isolé. On m’a cité Dieuze, Lunéville et d’autres bourgades dans lesquelles je pourrai trouver des églises semblables. J’ai aussi ressenti, exprimée à demi-mots, une sorte de résignation face à cette architecture qu’ils n’avaient pas choisie et jamais vraiment acceptée.
Ainsi, durant trois ans, j’ai refait le parcours qu’avait emprunté l’armée américaine à la recherche de ce qui, paradoxalement, m’apparaissait être des vestiges de la reconstruction. Et, comme souvent, j’ai cheminé un peu au hasard.
Ce travail de recensement, s’il n’avait jamais été effectué et pour captivant qu’il ait pu être, ne représentait pourtant pas à mes yeux l’enjeu principal de cette série de photographies. Il s’agissait d’abord pour moi de décrire une rencontre, dans les circonstances tragiques que nous connaissons, entre cette Lorraine à la fois rurale et industrielle et l’architecture moderne – entre ces paysages austères et ces formes nouvelles. Il fallait rendre compte de ce surgissement, de cette étrangeté et d’une certaine façon de l’incompréhension qui en a découlée. C’était une étrange idée de penser réparer le traumatisme de la guerre avec des édifices coulés dans le même béton que les blockhaus voisins.
Passé certains préjugés, elles me semblent plutôt belles : non pas tant ces églises, mais ces rencontres. Ce livre contribuera, je l’espère, à porter un autre regard sur ce territoire dont les églises de la reconstruction sont l’une des singularités.